Violence conjugale: des ressources mieux adaptées à la diversité des victimes - New Canadian Media
Nouveau site web du Centre Halte-Femmes de Montréal-Nord HFMN
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Violence conjugale: des ressources mieux adaptées à la diversité des victimes

Halte-Femmes Montréal-Nord est membre de l’R des centres de femmes du Québec, le plus grand regroupement féministe d’action communautaire autonome au Québec.

Les victimes de violence conjugale de tous les horizons pourront bénéficier sous peu des nouvelles fonctionnalités et nouveaux outils disponibles sur le site web revampé de l’organisme Halte-Femmes Montréal-Nord (HFMN).

Financée par Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC), le nouveau site web offrira notamment la possibilité d’accéder à la page Services et à de la documentation en français, anglais, créole haïtien, arabe et espagnol.

«On voulait rendre accessible à tous l’information sur la violence, son cycle, ses formes et ses conséquences, ainsi que les réponses aux questions qu’on nous pose fréquemment», explique Sophie Lemay, directrice générale de l’organisme, en entrevue avec Métro.

«Beaucoup de femmes ne vont pas s’identifier comme victimes de violence conjugale, mais d’en savoir plus et de connaître le cycle de la violence leur permettra de mettre des mots sur ce qu’elle vivent», ajoute-t-elle.

Nouvelles fonctionnalités du site

L’ajout d’un bouton Sortie rapide permet à l’utilisateur ou l’utilisatrice de quitter le site web de l’organisme rapidement, au besoin.

«On a réussi à intégrer également une fonction qui empêche de revenir en arrière, ce qui est très utile dans les cas de violence conjugale, où une femme pourrait être en danger si son conjoint arrive et il voit qu’elle a visité notre site internet, par exemple», souligne Mme Lemay.

Un «menu accessibilité» permettra de plus aux femmes ayant des limitations visuelles d’ajuster la taille et l’espacement du texte, entre autres, pour leur permettre d’accéder au contenu du site.

Un lieu de répit

Fondé en 1984, Halte-Femmes Montréal-Nord aide des femmes de tous les horizons en quête d’autonomie et de reprise de pouvoir dans les différentes sphères de leur vie.

Les femmes ayant besoin de soutien ont la possibilité de bénéficier d’une écoute téléphonique ou d’une rencontre avec une intervenante en français, anglais, espagnol, kabyle, arabe et créole. Ce service est gratuit et disponible pour les femmes de 18 ans et plus, sans égard à leur origine, religion ou revenu.

«On veut que les femmes puissent reprendre le pouvoir sur leur vie et qu’elles puissent augmenter leur estime d’elles-mêmes. Briser l’isolement, c’est un premier pas, mais ça demande ensuite l’implication citoyenne et le développement d’un nouveau réseau.» – Sophie Lemay, directrice générale du centre Halte-Femmes Montréal-Nord

Au-delà d’offrir du soutien en matière de violence conjugale, Halte-Femmes Montréal-Nord offre une vaste programmation d’activités sociales et de sensibilisation qui permettent aux femmes de briser l’isolement, de se renseigner sur des sujets tels que le droit du logement ou la santé et le bien-être, ou de participer à des exercices santé comme le Tai chi ou le Qigong à moindre coût.

«Notre centre est un lieu d’accueil et d’appartenance, un milieu de vie de jour. Les femmes qui viennent chez nous sont chez elles, elles peuvent se reposer l’espace d’un instant, pour reprendre leur souffle, et être écoutées, accompagnées ou référées à d’autres organismes partenaires, au besoin», indique Mme Lemay.

Demandes de services en hausse

Selon le rapport d’activités de l’organisme pour l’année 2021-2022, l’équipe de première ligne a répondu à 1718 demandes de renseignements sur ses services et activités, soit 82 demandes de plus que l’année précédente. D’autre part, l’organisme rapporte avoir reçu 75 visites pour des rencontres de suivi, soit 26 de plus que l’année précédente.

Au total, 215 femmes ont été référés vers Halte-Femmes, ce qui représente une augmentation de 73,5% par rapport à 2020-2021. De ce nombre, 149 étaient des femmes immigrantes alors que 66 étaient nées au Canada.

«La violence n’est pas simplement physique; elle peut être physiologique, verbale ou même économique. Nous avons des exemples concrets sur notre site internet pour aider les femmes [à identifier leur problématique] et elles peuvent nous contacter en toute confidentialité et en toute sécurité pour avoir de l’aide», dit Mme Lemay.

Des besoins criants à Montréal-Nord

Selon le dernier rapport annuel de l’organisme, 72% de ses 196 membres résidaient dans l’arrondissement de Montréal-Nord, 47% étant des femmes natives du Canada et 53%, des femmes immigrantes. En ce qui concerne la langue parlée, 51% étaient francophones et 49%, allophones.

Le nouveau site web de l’organisme se veut un outil supplémentaire pour la communauté de Montréal-Nord, qui enregistre le plus haut taux de violence conjugale sur l’île de Montréal, selon le rapport sur les profils de criminalité du SPVM publié en 2020.

Selon ce rapport, 468 personnes ont été victimes de violence conjugale et 203 personnes ont vécu de la violence intrafamiliale en 2019 dans cet arrondissement.

Augmentation de la clientèle hispanophone

L’organisme souligne la hausse des demandes d’accompagnement en espagnol et la complexité des cas de violence conjugale post-séparation chez les femmes hispanophones en raison de leur manque de connaissances sur leurs droits au Québec ou les ressources existantes pour les aider, en plus de la barrière linguistique.

Durant l’exercice 2021-2022, 75 rencontres ont permis d’aider et d’accompagner des femmes hispanophones, notamment en matière de démarches d’autonomie, d’immigration, de violence conjugale, de divorce et de séparation, ainsi que de santé mentale.

«Nous allons malheureusement perdre cette année trois intervenantes formées pour desservir une clientèle en français, en espagnol, en créole et en anglais en raison du manque de financement. C’est ce qui est dommage chez les organismes communautaires, qui reçoivent du financement par projet. Il y aura donc un trou de service chez nous», déplore Mme Lemay.

À propos de l’organisme

Halte-Femmes Montréal-Nord est membre de l’R des centres de femmes du Québec, le plus grand regroupement féministe d’action communautaire autonome au Québec, et de la Table régionale des centres de femmes de Montréal Métropolitain Laval (TRCFMML).

Instigateur du projet Fuir la violence conjugale durant la pandémie, c’est permis!, l’organisme a participé à la réalisation du Plan d’action collectif en matière de violence conjugale et de violence dans les relations intimes chez les jeunes à Montréal-Nord 2022-2027, lancé le 15 février 2022.

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Diplômée en administration des affaires (ITESM, Mexique), enquête et renseignement et journalisme (UdeM), Karla Meza débute sa carrière comme journaliste indépendante en 2019 s’intéressant davantage aux enjeux liés à la migration forcée et aux défis des communautés marginalisées au Canada, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Passionnée du storytelling audiovisuel, elle a réalisé et produit un documentaire indépendant portant sur la situation des réfugiés syriens au Liban, ainsi que des courts vidéo-reportages dont un portant sur la résilience des femmes autochtones au Sud du Mexique. Karla Meza est journaliste au comité citoyen chez Métro Média.

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