Quatre virgule quatre pour cent (4,4 %) des 431 645 résidents permanents accueillis au Canada en 2022 sont d’expression française. Cela représente 16 300 personnes partout au Canada, sauf au Québec. C’est ce que le ministre Sean Fraser de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC) a annoncé le 23 janvier 2023 à Sturgeon Falls en Ontario.
En 2019, IRCC avait annoncé qu’il comptait accueillir 4,4 % d’immigrants francophones d’ici 2023, en dehors du Québec. Un objectif de la stratégie « Atteindre nos objectifs : Stratégie en matière d’immigration francophone » qui a donc été atteint. Cela constitue un véritable record depuis le début du recensement des données au pays, en 2006, année durant laquelle seul 1,38 % de francophones avaient été accueillis.
Cette nouvelle permet ainsi au ministre de l’Immigration de réaffirmer que le Canada est un pays d’accueil pour les francophones, mais aussi que les immigrants d’expression française permettent de soutenir l’économie canadienne, qui souffre de pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs.
Attirer les francophones
En tant que pays bilingue, le Canada se dote chaque année d’objectifs pour attirer des immigrants francophones dans tout son territoire, en dehors du Québec. Déjà, dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023, plus de 40,7 millions de dollars ont été investis sur 5 ans pour soutenir les initiatives soutenant l’immigration francophone et la stratégie en matière d’immigration francophone.
Depuis, Ottawa multiplie ainsi les mesures pour faciliter leur immigration et leur intégration. C’est le cas par exemple avec les 14 communautés francophones accueillantes qui ont été instaurées pour assurer l’intégration des nouveaux arrivants francophones partout au Canada, mais aussi des modifications apportées aux programmes d’Entrée express. Depuis 2017, les candidats à la résidence permanente francophones via Entrée express obtiennent plus de points dans leur dossier. Entrée express est le système en ligne utilisé par IRCC pour gérer les demandes d’immigration présentées par des travailleurs qualifiés.
En novembre 2022, un Centre d’innovation en immigration francophone a été inauguré au Nouveau-Brunswick pour soutenir l’arrivée de plus en plus de francophones. Des efforts qui ont porté leurs fruits ces dernières années puisque trois fois plus d’immigrants francophones qu’en 2018 (avant la pandémie) ont été accueillis au pays.
La place compliquée du français au Canada
Enfin, le ministre Sean Fraser a rappelé que l’immigration francophone « contribue à la richesse linguistique, démographique et économique des communautés francophones », qui sont elles-mêmes des communautés minoritaires dans le Canada hors Québec. L’anglais est la première langue officielle parlée par 75,5 % de Canadiens, selon le recensement de 2021, et le français semble en recul au pays.
En effet, le Canada comptait 21,4 % de Canadiens francophones, contre 22,2 % en 2016. Si le nombre de Canadiens qui parlent français de façon prédominante a augmenté au Québec, en Colombie-Britannique et au Yukon, il a diminué dans les autres provinces et territoires. Cependant, de moins en moins de personnes parlent le français partout dans le pays, sauf au Yukon. Un constat à nuancer par le fait que 4 personnes sur 10 peuvent avoir une conversation en Français et en Anglais au Canada en 2021.
Journaliste indépendante, Marine a travaillé en France, au Liban et au Québec. Passionnée par les questions féministes, l’identité, l’intégration et les migrants, elle se plaît à défaire les clichés et décortiquer les clivages. Elle a pour ambition de combattre les injustices et les discriminations avec des mots et des solutions.
