«Je me sens pris en otage»: cri du cœur d’un Français aux prises avec le délai de l’Immigration - New Canadian Media
Vinod Santharam est aux prises avec le système d'immigration canadienne, qui accuse un retard de plus de 297 jours dans le traitement de sa demande de renouvellement de carte de résident permanent. Photo : Karla Meza
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«Je me sens pris en otage»: cri du cœur d’un Français aux prises avec le délai de l’Immigration

M. Santharam attend une réponse d'IRCC depuis près de 12 mois.

Le résident montréalais Vinod Santharam est dans les limbes depuis un an en raison d’un imbroglio administratif à l’Immigration qui l’empêche de quitter le Canada, au risque de ne pas pouvoir y revenir.

M. Santharam a posé ses valises au Canada en 2013 à titre de travailleur temporaire qualifié. Il a obtenu sa résidence permanente en juin 2017, pendant un séjour de cinq ans en France durant lequel il est demeuré à l’emploi d’une compagnie canadienne.

«J’ai continué à travailler pour mon employeur à l’extérieur du Canada, ce qui ne contrevient pas aux règles pour pouvoir conserver ma résidence», dit l’informaticien français d’origine indienne, qui est de retour à Montréal depuis l’automne 2021.

Devant renouveler sa carte de résident permanent en 2022, cinq ans après son émission initiale, M. Santharam a acheminé sa demande à l’Immigration à la fin d’avril.

Le portail d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) confirme bel et bien que sa demande a été reçue le 28 avril. Or, après 12 mois, M. Santharam n’a toujours pas reçu sa nouvelle carte, malgré que le délai de traitement pour une telle demande est estimé par le gouvernement à 65 jours.

Impact sur sa vie et sa carrière

«J’ai l’impression d’être pris en otage au Canada», dit l’homme de 40 ans, affligé d’avoir dû rater le mariage de son frère en France à l’été 2022, faute d’avoir une carte de résident permanent valide en main.

Prévoyant participer à un voyage d’affaires au Maroc organisé par son employeur l’automne dernier, M. Santharam a fait une demande de traitement urgent de son dossier à l’IRCC en septembre 2022, laquelle a été refusée sous l’argument que son dossier nécessitait une analyse plus approfondie.

«J’ai appelé [l’Immigration] à maintes reprises pour savoir ce qui se passait, mais c’était impossible de parler à un agent. Ça m’a causé beaucoup de stress», confie-t-il.

S’il avait quitté le Canada sans une carte de résident permanent valide, M. Santharam aurait pu demander un titre de voyage pour résident permanent pour pouvoir y revenir. Toutefois, le gouvernement ne garantit ni l’acceptation ni le délai de traitement d’une telle demande, ce qui aurait pu empêcher ou retarder indéfiniment son retour au pays.

«Cette situation m’a poussé vers un burnout, poursuit-il. J’étais en France longtemps pour prendre soin de mes parents tout en travaillant à distance et je n’ai pas eu de vacances depuis que suis revenu [en 2021]. Je comptais sur ce voyage pour pouvoir revoir ma famille et me reposer un peu.»

Épuisé, M. Santharam a quitté son emploi en décembre 2022.

«Mon moral a pris un coup, je n’en pouvais plus. Je me sens coincé.»

Appel à l’aide

Sous la recommandation d’un ami, M. Santharam a tenté de rejoindre le député fédéral de sa circonscription Ville-Marie—Le Sud-Ouest—Île-des-Sœurs, Marc Miller, afin d’obtenir son aide. À son plus grand désarroi, ses appels et ses courriels envoyés entre octobre 2022 et mars 2023 demeurent sans réponse jusqu’à ce jour.

Métro a tenté de rejoindre M. Miller à ses bureaux de Montréal et d’Ottawa depuis plusieurs semaines, mais nous attendons toujours un retour d’appel.

M. Santharam a également lancé un cri à l’aide à la mairie de Montréal en février dernier. «On m’a uniquement fait parvenir un lien vers une page où l’on peut faire une réclamation si l’on n’a pas reçu sa nouvelle carte après 65 jours», explique-t-il.

Incongruence chez l’Immigration

Sans nouvelle de sa demande, M. Santharam s’est rendu en personne aux bureaux de l’IRCC et de Service Canada à Montréal le 24 mars pour tenter de s’informer sur l’avancement de son dossier, en vain.

En appelant à nouveau l’IRCC le 29 mars, il a appris que sa nouvelle carte est émise depuis le 30 août 2022. Pourtant, on ne le lui a jamais acheminé.

«J’éprouve de la colère et du soulagement en même temps. C’est vraiment décourageant», s’exclame M. Santharam, qui demeure réticent face à cette nouvelle information, étant donné que son dossier apparaît toujours en cours de traitement sur le portail de l’IRCC.

À la lumière de sa dernière conversation avec un agent de l’Immigration le 21 avril, M. Santharam attend actuellement une convocation pour aller récupérer sa nouvelle carte en personne à l’un des bureaux de Service Canada d’ici la fin mai.

Toutefois, la grève actuelle des employés de la fonction publique fédérale pourrait engendrer un nouveau retard dans son dossier, ce qui l’obligerait à trouver d’autres moyens pour faire escalader son dossier.

Au moment de la publication de cet article, Métro était toujours en attente d’une réponse de l’IRCC, par téléphone ou par courriel, concernant le délai déraisonnable de traitement de la demande de M. Santharam.

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Diplômée en administration des affaires (ITESM, Mexique), enquête et renseignement et journalisme (UdeM), Karla Meza débute sa carrière comme journaliste indépendante en 2019 s’intéressant davantage aux enjeux liés à la migration forcée et aux défis des communautés marginalisées au Canada, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Passionnée du storytelling audiovisuel, elle a réalisé et produit un documentaire indépendant portant sur la situation des réfugiés syriens au Liban, ainsi que des courts vidéo-reportages dont un portant sur la résilience des femmes autochtones au Sud du Mexique. Karla Meza est journaliste au comité citoyen chez Métro Média.

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