Un petit groupe d’étudiants et d’enseignants de l’Inde se trouve actuellement au Nouveau-Brunswick, dans le cadre d’un programme ayant pour objectif de doter la province d’une centaine de nouveaux infirmiers.
L’UNB et la province ont accueilli un groupe de neuf étudiants en sciences infirmières et de deux enseignants, pour un séjour de deux semaines qui constitue la première étape d’un programme d’intégration professionnelle prenant la forme d’un préceptorat.
Le séjour s’inscrit dans le développement d’un partenariat permettant à des étudiants de la Manipal Academy of Higher Education (MAHE) de l’Inde de venir à Fredericton pour découvrir les particularités cliniques et culturelles de la profession infirmière dans la province.
Michelle Christien entame sa dernière année à la MAHE. Expérience sur le terrain, la visite d’un hôpital du Réseau de santé Horizon lui a permis de comprendre les différences entre les soins de santé dans son pays d’origine et au Nouveau-Brunswick.
Elle a immédiatement pris conscience de certaines distinctions. « En Inde, les rôles ne sont pas divisés et on doit souvent s’occuper de tout pour un patient, dit-elle. Il existe ici une répartition systématique des tâches. Grâce à cette répartition, il est plus facile de s’occuper du patient et il y a une bonne communication interdisciplinaire ainsi qu’une relation qui favorisent la santé. »
Par ailleurs, l’étudiante qualifie de « très calme et paisible » la ville de Fredericton, qu’elle a eu l’occasion d’explorer dans le cadre du volet culturel de ce séjour. « Les gens sont si gentils, aimables et amicaux, dit-elle en affirmant qu’elle aimerait exercer sa profession à Fredericton. J’apprécie beaucoup les expériences que j’ai faites à l’hôpital et en soins de longue durée. »
Tathagata Konar est un autre étudiant venu pour une durée de deux semaines afin de mieux comprendre le système de santé de la province. Au pays depuis le 9 août, il affirme qu’il a déjà beaucoup appris en termes de sciences infirmières grâce à l’observation et au travail de proximité avec des collègues. « Les infirmiers et les infirmières passent beaucoup de temps avec les patients, dit-il. On peut difficilement le faire là-bas compte tenu de la charge de travail. »
Il raconte qu’il ne considérait pas comme un premier choix d’étudier en sciences infirmières et que c’est après avoir vu les effets de la pandémie qu’il a pris la décision d’entreprendre ces études à la MAHE. À la suite de ce préceptorat, il espère revenir faire une différence par son travail au Nouveau-Brunswick.
L’UNB propose également un programme de double diplôme qui permet aux étudiants de la MAHE d’exercer à la fois en Inde et au Nouveau-Brunswick. L’objectif de ce parcours académique consiste à réduire les obstacles auxquels les infirmiers et les infirmières ayant fait une formation à l’étranger font face, ce qui vise aussi à remédier à la pénurie d’infirmiers et d’infirmières.
« Ce parcours permet de répondre à deux impératifs, dit Lorna Butler, doyenne de la faculté des sciences infirmières de l’UNB. D’une part, nous reconnaissons des acquis afin d’éviter la déqualification et, d’autre part, nous soutenons la main-d’œuvre. »
Elle note que les infirmiers et les infirmières originaires de l’étranger sont souvent relégués à des postes inférieurs à leurs niveaux de formation, ce qu’elle décrit comme une déqualification.
Il y aurait environ 1 000 postes vacants à travers la province, selon ce qu’affirmait en janvier dernier le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick. Ce programme promet de doter entre 2025 et 2029 la province de 100 nouvelles personnes diplômées en Inde, et la première cohorte compte déjà une année réussie.
La doyenne précise que la province « ne prive pas le marché du travail d’infirmiers en Inde » avec les 25 places offertes par année. Ce que le Conseil indien des soins infirmiers décrit comme un chiffre « surnuméraire », c’est-à-dire qu’il implique que le même nombre de personnes obtiennent localement leurs diplômes.
Judith Noronha, doyenne de la faculté des sciences infirmières de la MAHE, figure parmi les enseignantes qui ont fait le voyage à Fredericton. Elle soulève que le double diplôme en sciences infirmières propose un parcours qui se distingue des formations classiques, puisqu’il combine les contenus propres aux programmes existant en Inde et au Nouveau-Brunswick.
« Les étudiants répondent à la fois aux exigences du programme d’études de la MAHE et à celles du programme de l’UNB, indique Mme Noronha. Alors, ils acquièrent les compétences requises dans les deux pays. »
Afin d’être admissibles à ce programme, les étudiants et les étudiantes en soins infirmiers en Inde doivent – en plus de la réussite de leurs études secondaires – avoir suivi des cours en physique, en chimie, en biologie ainsi qu’en anglais et ils doivent figurer sur la liste d’excellence de l’examen d’entrée à la MAHE.
En ce qui a trait au programme de préceptorat, la doyenne mentionne qu’il offre aux neuf personnes participant à celui-ci l’expérience d’un cadre différent en soins infirmiers.
Michelle Christien se réjouit de voir que la province s’intéresse à des programmes comme celui-ci, car ils peuvent lever les barrières qui empêchent de gagner sa vie à l’étranger. « J’ai l’impression qu’on nous appelle non seulement à travailler, mais à nous installer au pays pour nous développer et nous épanouir. »
Alors que le double programme de l’UNB-Manipal se déroule uniquement en anglais, l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, a conclu un partenariat avec la France afin d’aider les infirmières francophones à obtenir leur accréditation au Canada.
Cet article a été initialement publié en anglais. Il a été traduit par Alexis Lapointe.
Alexis Lapointe est rédacteur professionnel et journaliste indépendant. Après l’obtention en 2021 d’un Baccalauréat ès arts de l’Université de Montréal, il travaille actuellement à une série de reportages en relation avec l’art contemporain au Mexique. Également, il s’intéresse à différents enjeux sociaux et en particulier aux thématiques migratoires. Au cours des dernières années, il a produit des textes pour plusieurs médias et en particulier pour la Revue Hispanophone.
Giuliana Grillo de Lambarri
Giuliana Grillo de Lambarri is a student based in Fredericton, New Brunswick. She is originally from Lima, Peru, and came to Canada to pursue a career in journalism and political science. To Giuliana, journalism is all about forming a sense of community and shedding light on issues that affect everyone, including people who have been historically ignored by the media. When she isn't working, she is usually enjoying a walk along the trails of Fredericton or on the phone with her family. Have a story tip or pitch? Contact her at [email protected].