Salima, d’origine algérienne, s’est installée en 2010 à Calgary, en Alberta. Malgré la majorité anglophone de la ville, Salima trouve sa place et s’épanouit tant sur le plan personnel que professionnel. Pour le Média des Nouveaux Canadiens, elle témoigne de son expérience au sein de la francophonie albertaine. Pleinement engagée dans la promotion de la langue française, elle ne regrette pas d’avoir choisi cette ville canadienne, expliquant que sa décision d’installation était motivée par des raisons familiales.
« En arrivant ici, j’avais un niveau scolaire en anglais. Mais aujourd’hui ça va beaucoup mieux, avec le temps, on se force à parler anglais, du coup on apprend vite », confie Salima. Originaire de Toulouse, dans le sud de la France, elle a vécu toute sa vie en tant que personne d’origine algérienne et musulmane. Elle constate que sa situation n’a pas beaucoup changé au Canada, où l’état d’esprit reste similaire.
Maman de deux enfants, Salima travaille dans le secteur de la finance. Elle raconte que la première question qu’on lui pose lorsqu’elle mentionne qu’elle parle français est de savoir si c’est le français du Québec ou de Paris. « Automatiquement, on me sort beaucoup de clichés sur la France. J’ai des collègues qui ont eu de mauvaises expériences en tant que francophones et avec le fait qu’ils parlent français. Personnellement, je n’ai jamais vécu ça. Généralement, les gens sont assez réceptifs », affirme-t-elle. Elle ajoute que lorsqu’elle se rend à la banque par exemple, on lui propose souvent de communiquer avec un employé francophone, mais elle le fait moins fréquemment maintenant.
Parler français représente un énorme avantage sur le plan professionnel pour Salima. Les offres d’emploi bilingues sont nombreuses et la demande pour le français est élevée. « Je suis très bien où je suis. La communauté francophone est de plus en plus grande et s’élargit de plus en plus ». Elle confie également être très impliquée dans la francophonie. « Il y a souvent des événements et les associations recherchent des bénévoles pour l’organisation ».
Elle se réjouit également de l’organisation d’activités et festivals francophones. Lors des fêtes religieuses musulmanes, poursuit-elle, des activités sont organisées en français pour les personnes originaires de l’Afrique francophone. « Nous avons également une fédération sportive, et je suis cheffe de mission pour la ville de Calgary. Des camps et des sorties sont également organisés pour les familles et pour les séniors qui parlent français », explique-t-elle.
La francophonie enracinée dans l’histoire de l’Alberta
L’Alberta porte en elle les traces d’une riche histoire francophone. Dès les premières années de la colonisation, de nombreux Canadiens français se sont établis dans cette région. Le site-web officiel de la province de l’Alberta raconte qu’avec l’arrivée des marchands de fourrure, la langue française est devenue la première langue européenne parlée sur le territoire de la province, « et cet héritage francophone est encore bien vivant aujourd’hui », peut-on lire sur le site.
Au fil des années, un réseau d’écoles françaises s’est développé en Alberta grâce à l’aide de l’Église, poursuit la même source. Cependant, en 1925, une ordonnance exige que toutes les matières obligatoires soient enseignées en anglais. «Face à ce défi, l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), fondée en 1925 et soutenue par La Survivance (journal francophone hebdomadaire fondé en 1928), a joué un rôle clé ». Ces institutions ont travaillé ensemble pour fournir des enseignants bilingues aux écoles françaises et pour promouvoir l’enseignement efficace de la langue maternelle. Grâce à leurs efforts, le mouvement coopératif en Alberta a connu une expansion remarquable.
L’enseignement de la langue française occupe ainsi une place importante en Alberta. Toujours selon le site-web de la province, près de 200 000 étudiants étaient inscrits dans des programmes de langue française en 2020-2021, ce qui fait du français la langue la plus enseignée dans les écoles de la province. Parmi ces étudiants, environ 8 532 étaient inscrits dans des écoles francophones, 43 587 dans des programmes d’immersion française et 122 961 dans des programmes de français langue seconde.
La présence de noms d’origine française à travers l’Alberta est un témoignage supplémentaire de l’influence francophone dans la région. Plus de 2 000 communautés et sites naturels portent des noms français tels que Beaumont, Brosseau, Grande Prairie, Lacombe et Lac des Arcs. Au fil du temps, certains de ces noms ont subi des influences de l’anglais, tant au niveau de la prononciation que de l’orthographe. Malgré cela, ils témoignent de l’empreinte francophone dans le paysage albertain.
Le témoignage de Salima démontre que même dans une ville majoritairement anglophone comme Calgary, il est possible de s’intégrer et de célébrer la francophonie. Salima est fière de contribuer à l’enrichissement de la diversité linguistique de sa communauté. Elle encourage les francophones à considérer Calgary comme une destination d’immigration, soulignant les nombreuses opportunités d’intégration et de croissance personnelle offertes par la ville.
Salima conclut en déclarant : « Je suis fière de pouvoir vivre en français ici à Calgary, et je suis reconnaissante envers cette ville et sa communauté pour leur ouverture d’esprit et leur respect envers ma langue et ma culture. »
Cet article est la deuxième partie d’une série sur la francophonie en Alberta.
Mohamed Berrada
Mohamed est un journaliste francophone qui a récemment immigré du Maroc au Canada. Dans son pays d'origine, il a plus de huit ans d'expérience dans le journalisme et la communication. Il a commencé sa carrière comme journaliste de production à Medi1TV et Luxe Radio, avant de rejoindre le groupe OCP, leader mondial sur le marché des produits fertilisants phosphatés, en tant qu'attaché de presse international. Il a également travaillé à la rédaction de Telquel, le plus célèbre magazine imprimé du Maroc. Avant de venir au Canada, Mohamed a travaillé comme pigiste, notamment pour SNRTNews.com, le média numérique de l'État. Mohamed est diplômé en sciences politiques et en relations internationales et a étudié à l'EGE de Rabat (Maroc), à l'université Virginia Tech (États-Unis) et à l'IEP d'Aix-en-Provence (France).