La diáspora réagit au discours d'Anaida Poilievre au Congrès du Parti Consevateur - New Canadian Media
Pierre et Anaida Poilievre au congrès du Parti conservateur du Canada, le 10 september 2022
Anaida Poilievre présente son mari, Pierre Poilievre, lors du congrès du Parti conservateur, le 10 septembre 2022. Photo : Pierre Poilievre via Twitter
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La diáspora réagit au discours d’Anaida Poilievre au Congrès du Parti Consevateur

Anaida Poilievre, une immigrante d’origine vénézuélienne, a présenté le nouveau chef samedi soir lors du congrès du parti conservateur.

Lorsque Pierre Poilievre est devenu le nouveau chef du Parti conservateur du Canada lors du congrès du parti à Ottawa, le samedi 10 septembre 2022, sa femme, Anaida Poilievre, se tenait à ses côtés. Elle a présenté le nouveau chef du Parti conservateur dans un discours passionné évoquant ses origines d’immigrante élevée dans une famille de la classe ouvrière.

Lors de son discours, qui a duré un peu moins de cinq minutes, Anaida Poilievre a passé sans effort de l’anglais au français et à l’espagnol et a évoqué l’histoire familiale de son mari : né d’une mère adolescente, il a été adopté par une famille de la Saskatchewan. Elle a également parlé des difficultés économiques que sa famille et celle de son mari ont dû affronter en grandissant, devant vivre « toujours en attendant le prochain chèque de paie ».

Le discours d’Anaida Poilievre a été bien reçu, Evan Solomon de l’émission Power Play de CTV l’ayant qualifiée de « très très bonne oratrice » dans un tweet.

Selon Statistique Canada, environ 20 000 vénézuéliens vivent au Canada. New Canadian Media a contacté des membres de la communauté canado-vénézuélienne pour connaître leurs réactions au discours et l’impact qu’il pourrait avoir, le cas échéant, sur leur opinion de la politique canadienne et du Parti conservateur.

« Je me suis identifié à 100 % »

Carlos, qui a demandé à NCM de n’utiliser que son prénom, a déménagé à Vancouver il y a 10 ans avec sa femme et son fils de deux ans. Lors d’un appel avec NCM, Carlos a déclaré que même s’il n’avait jamais entendu parler d’Anaida Poilievre et qu’il ne s’aligne pas sur les opinions du Parti conservateur, il a été très touché et ému par le discours.

« Je me suis senti très identifié en tant qu’immigrant, je me suis identifié à 100 % », Carlos a déclaré mentionnant notamment le moment où Anaida Poilievre a raconté l’histoire de son père : directeur de banque au Vénézuela avant de venir au Canada, il a dû travailler dans les champs du Québec en cueillant des fruits et des légumes pour subvenir aux besoins de sa famille.

« Mon père est passé de porter des complets et de gérer une banque, à monter à l’arrière d’une camionnette avec des vêtements usagés afin de ramasser des fruits et des légumes dans les champs car c’est ce qu’il devait faire pour nourrir sa famille », Anaida Poilievre a dit. 

Pour Carlos, le fait que Pierre Poilievre ait une connaissance intime de « ce que son partenaire a vécu » pourrait avoir un impact positif sur les opinions de Poilievre et du Parti conservateur en matière d’immigration. 

« Un atout politique »

 Carlos Vera, un économiste basé à Calgary qui travaille comme analyste principal de portefeuille pour une grande compagnie aérienne canadienne, a une perspective plus politique du Parti conservateur et du discours d’Anaida Poilievre. Pour lui, l’expérience d’Anaida Poilievre en tant qu’immigrée, et la place privilégiée qu’elle a eu dans son discours, représentent « un atout politique » pour Poilievre et le Parti conservateur. 

Le fait d’avoir sa femme à ses côtés « donne à [Pierre Poilievre] une pluralité dans sa vision qui, je pense, l’aidera beaucoup », a déclaré M. Vera.

Vera suit de près la politique canadienne et a fait du bénévolat pour le Parti conservateur à Calgary, donc il connaissait déjà l’héritage d’Anaida Poilievre. Il est arrivé à Calgary il y a 13 ans avec sa femme et ils ont deux enfants. 

D’après Vera, le fait de voir une immigrante vénézuélienne jouer un rôle aussi important l’a incité à ne pas craindre de jouer un rôle plus actif dans la politique canadienne. Il a dit qu’il prévoyait de faire plus de bénévolat pour le Parti conservateur de Calgary à l’avenir.

Une perspective plus prudente

Si pour Carlos et M. Vera, le discours était positif du point de vue des immigrants, pour d’autres membres de la diaspora vénézuélienne, le discours doit être considéré d’un point de vue beaucoup plus nuancé et prudent. C’est l’opinion de Cristina Pulido Vielma, une interprète vénézuélienne basée à Toronto. 

« Le mariage de M. Poilievre avec une vénézuélienne ne fait aucune différence lorsque je dois donner mon avis sur sa tendance compliquée à attirer les conservateurs les plus radicaux et sur ce que nous devons attendre de son leadership », a déclaré Pulido Vielma dans un courriel.

 Pulido Vielma était journaliste et professeur d’histoire au Vénézuela avant de déménager au Canada. Lorsqu’elle s’est installée à Ottawa en 2005, il lui a été impossible de trouver du travail en tant que journaliste. Pulido Vielma a ensuite déménagé à Toronto et s’est réinventée en tant qu’interprète et elle travaille aujourd’hui avec les demandeurs d’asile.

« Je ne pense pas qu’Anaida sera un atout particulier pour Pierre Poilievre, car le Parti conservateur n’a rien fait dans le passé pour se rapprocher de la communauté latino-américaine », elle a dit.  

« Je pense que seuls ceux qui ont été chassés du Vénézuela par les politiques de gauche radicale d’Hugo Chávez s’identifieront au radicalisme et à la politique à la Trump que défend Poilievre. Le fait qu’Anaida soit arrivée ici à un jeune âge, qu’elle ait eu la possibilité d’aller à l’école et à l’université au Canada la rend différente de ceux qui sont arrivés récemment ».

En 1992, deux tentatives de coup d’État ont ébranlé la démocratie de longue date du Venezuela. Le 4 février 1992, un groupe de soldats dirigé par le lieutenant-colonel Hugo Chávez a tenté de faire tomber le gouvernement démocratique du président Carlos Andrés Pérez dans un contexte de mécontentement généralisé à l’égard de l’économie.

Le coup d’État a été déjoué, mais le 27 novembre de la même année, un autre groupe au sein de l’armée, en communication avec Chávez, qui était en prison, tente un deuxième coup d’État. Ces coups d’État marquent le début d’une ère de profonde instabilité politique au Venezuela, qui a mené à l’élection de Chávez à la présidence en 1998. La crise politique, économique et sociale au Venezuela n’a fait que s’aggraver depuis, et en particulier depuis le remplacement d’Hugo Chávez par Nicolás Maduro à la suite de la mort de Chávez en 2013.

Pulido Vielma a encore illustré son raisonnement en partageant une anecdote lorsqu’elle s’est inscrite à un cours sur la politique canadienne en 2019.  

« Les ateliers ont été spécialement conçus pour les Latino-Américains », elle a dit. « Tous les partis fédéraux, à l’exception des conservateurs, ont envoyé des conférenciers.  Cela montre à quel point ils se souciaient peu de nous intégrer à leur mouvement. Maintenant que M. Poilievre a une femme vénézuélienne, cela peut faire une différence pour certains – [peut-être ceux] qui s’identifient aux conservateurs radicaux – mais je ne pense pas que cela fera une différence pour les autres ».

Une opportunité d’apprentissage 

Yajaira Moran, une psychologue judiciaire qui a déménagé au Canada il y a neuf ans avec son mari et ses deux enfants adultes, a fait l’éloge du discours d’Anaida Poilievre. 

« J’ai beaucoup aimé qu’elle se soit exprimée en trois langues et qu’elle ait parlé du fait d’être Latina et de la façon dont les Latinos au Canada peuvent accomplir de grandes choses », elle a dit lors d’une entrevue téléphonique. 

Moran, qui vit à Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, a déclaré qu’elle n’avait jamais entendu parler d’Anaida Poilievre ni du fait qu’elle est vénézuélienne. Après avoir regardé le discours, Mme Moran a déclaré qu’elle « aimerait en savoir un peu plus sur elle, connaître son histoire et peut-être en savoir plus sur le parti [conservateur] ». Elle a ajouté que depuis qu’elle vit au Canada, elle s’est efforcée de comprendre le système politique et qu’elle n’est pas encore tout à fait sûre d’en connaître les subtilités. 

Une femme porte son grand-fils dans ses bras
Yajaira Moran et son petit-fils. Mme Moran a déménagé au Canada il y a neuf ans et s’est installée à Port Coquitlam. Photo : Courtoise de Yajaira Moran

Selon le discours prononcé par Anaida Poilievre samedi, elle est née à Caracas, au Venezuela, et a immigré au Canada avec sa famille en 1995. Bien qu’elle n’ait pas révélé les raisons pour lesquelles sa famille a décidé de quitter le Venezuela, elle a mis l’accent sur les difficultés auxquelles sa famille a été confrontée lorsqu’elle a essayé de se construire une vie à Montréal, la ville où la famille d’Anaida s’est installée à leur arrivée au Canada.  

Anaida Poilievre est la cofondatrice de Pretty & Smart Co.,  un « magazine en ligne pour les femmes par les femmes ».  Selon son profil LinkedIn, elle a obtenu un baccalauréat ès arts avec spécialisation en communications de l’Université d’Ottawa et a travaillé comme conseillère des affaires parlementaires au Sénat du Canada de 2008 à 2017. Anaida et Pierre Poilievre se sont mariés en 2017 . Le couple a deux enfants.

— Avec des reportages supplémentaires de Susan Korah à Ottawa. 

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Andreina-Romero
Andreina Romero

Née au Venezuela, Andreina Romero est journaliste pigiste pour New Canadian Media. Avant d'écrire pour New Canadian Media, Andreina était une collaboratrice bilingue du journal The Source, également connu en français comme La Source, un journal interculturel de Vancouver. Elle est également la créatrice et l'animatrice des podcasts Girls Talk About Music et Wigs and Candles, qui explorent la musique et les films d'époque sous un angle exclusivement féminin et latino-américain. En 2020, Romero a également cofondé Identity Pages, un programme de mentorat d'écriture pour les jeunes.

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